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Syndrome de la cabane : le reconnaître et surmonter

Syndrome de la cabane : le reconnaître et surmonter

Dylan Patiram
Badge profil psychologue vérifié

Auteur :

Dylan Patiram

Psychologue Clinicien

Spécialisation TCC

Publication :

24 juin 2024

Mise à jour :

Syndrome de la cabane : le reconnaître et surmonter

11 min

Temps de lecture

Le syndrome de la cabane est une expression qui désigne la peur ou l'angoisse de sortir de chez soi après une période prolongée d'isolement ou de confinement.


Ce syndrome peut toucher des personnes qui ont vécu des situations d'enfermement forcé, comme lors de l'épidémie de Covid-19, mais aussi des personnes qui ont choisi de se retirer du monde extérieur pour diverses raisons.


Dans cet article, nous allons vous expliquer ce qu'est le syndrome de la cabane, comment le reconnaître, quelles en sont les causes, comment savoir si vous en souffrez, et quelles sont les stratégies pour le surmonter. Nous allons également vous montrer pourquoi il est important de surmonter ce syndrome, qui peut avoir des conséquences négatives sur votre santé mentale et votre vie sociale.

Qu'est-ce que le syndrome de la cabane ?

Qu'est-ce que le syndrome de la cabane ?

Photo de Leiada Krozjhen sur Unsplash

Le syndrome de la cabane est une expression qui désigne la peur ou l'angoisse de sortir de chez soi après une période prolongée d'isolement ou de confinement.


Ce syndrome peut toucher des personnes qui ont vécu des situations d'enfermement forcé, comme lors de l'épidémie de Covid-19, mais aussi des personnes qui ont choisi de se retirer du monde extérieur pour diverses raisons.


Le terme de "cabane" fait référence à un lieu où l'on se sent protégé et en sécurité, mais qui devient difficile à quitter. Le terme d'"escargot", qui est aussi utilisé, évoque la coquille dans laquelle cet animal se réfugie à la moindre menace.

Le syndrome de la cabane est donc une forme de phobie du monde extérieur, qui se manifeste par une crainte irrationnelle et excessive de tout ce qui pourrait nous arriver à l'extérieur.


Le syndrome de la cabane n'est pas une pathologie psychiatrique ni une maladie, mais un état émotionnel transitoire, qui peut s'améliorer avec le temps et l'aide appropriée. Il a été décrit pour la première fois au début du XXème siècle, après la ruée vers l'or en Californie, où des hommes partis chercher des pépites d'or vivaient isolés dans des cabanes pendant des mois. À leur retour, ils ressentaient une méfiance et une peur de la vie sociale, ainsi qu'une nostalgie de leur vie recluse.

Identifier les symptômes du syndrome de la cabane

Identifier les symptômes du syndrome de la cabane

Photo de Pixabay

Le syndrome de la cabane se manifeste par différents symptômes, qui peuvent varier selon les personnes et le degré d'intensité du syndrome. Voici les principaux signes qui peuvent vous alerter si vous souffrez de ce syndrome :


Peur irrationnelle de sortir de chez soi


Le symptôme le plus caractéristique du syndrome de la cabane est la peur ou l'angoisse de sortir de son lieu d'enfermement, que ce soit son domicile, sa chambre ou tout autre endroit où l'on se sent en sécurité. Cette peur peut être liée à la crainte de contracter le virus, de se faire agresser, de subir un accident ou de faire face à une situation imprévue.


Elle peut être si forte qu'elle empêche la personne de franchir le seuil de sa porte, même pour des besoins essentiels comme faire ses courses ou se rendre chez le médecin.


Anxiété à l'idée de retrouver des espaces ou des groupes sociaux


Le syndrome de la cabane peut aussi se traduire par une anxiété sociale, c'est-à-dire une peur excessive des interactions sociales, des lieux publics ou des situations où l'on se sent exposé au regard des autres.


La personne peut ressentir un malaise, une nervosité, une gêne ou une panique à l'idée de retrouver des espaces ou des groupes sociaux qu'elle a perdus l'habitude de fréquenter, comme son lieu de travail, ses amis, sa famille ou ses loisirs.

Elle peut aussi craindre d'être jugée, rejetée ou incomprise par les autres.


Isolation volontaire et confort dans la solitude


Le syndrome de la cabane peut également conduire à une isolation volontaire, où la personne préfère rester chez elle plutôt que de sortir et de renouer avec le monde extérieur.

Elle peut se sentir plus à l'aise et plus heureuse dans sa solitude, qu'elle considère comme un refuge et une protection. Elle peut aussi développer une perte d'intérêt et de motivation pour les activités qu'elle aimait faire avant, comme le sport, la lecture, le cinéma ou les voyages.


Elle peut se replier sur elle-même et se couper de ses proches, en refusant de communiquer ou de les voir.


Symptômes physiques liés au stress et à l'anxiété


Le syndrome de la cabane peut aussi avoir des répercussions sur le plan physique, en provoquant des symptômes liés au stress et à l'anxiété.


Parmi ces symptômes, on peut citer : des troubles du sommeil, comme l'insomnie, les cauchemars ou la somnolence ; des troubles de l'appétit, comme la perte ou la prise de poids, les nausées ou les vomissements ; des troubles digestifs, comme la constipation, la diarrhée ou le syndrome du côlon irritable ; des troubles cardiovasculaires, comme la tachycardie, l'hypertension ou les palpitations ; des troubles respiratoires, comme l'essoufflement, l'asthme ou l'hyperventilation ; des troubles musculaires, comme les tensions, les crampes ou les tremblements ; des troubles cutanés, comme les rougeurs, les démangeaisons ou l'eczéma ; des troubles cognitifs, comme la difficulté de concentration, la perte de mémoire ou la confusion.

Les causes du syndrome de la cabane

Les causes du syndrome de la cabane

Photo de Mr Xerty sur Unsplash

Le syndrome de la cabane n'a pas de cause unique, mais il peut être la conséquence de plusieurs facteurs qui ont affecté la personne pendant son isolement ou son confinement. Parmi ces facteurs, on peut distinguer les conséquences d'un isolement prolongé et l'impact psychologique de situations de crise ou de pandémie.


Conséquences d'un isolement prolongé


L'isolement prolongé peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale et physique de la personne et entraîner la volonté de rester isolé.


En effet, l'absence de contacts sociaux, de stimulation intellectuelle, de changement d'environnement ou de routine peut entraîner une détérioration de l'humeur, de la mémoire, de l'attention, de la créativité ou de la motivation. De plus, l'isolement peut favoriser le développement de comportements néfastes, comme le tabagisme, l'alcoolisme, la sédentarité ou le grignotage.


Ces comportements peuvent à leur tour aggraver les symptômes du syndrome de la cabane, créant le cercle vicieux de la dépression, qui va lui même favoriser l’isolement.


Impact psychologique de situations de crise ou de pandémie


Le syndrome de la cabane peut aussi être lié à l'impact psychologique de situations de crise ou de pandémie, comme celle du Covid-19. Ces situations peuvent générer un sentiment d'insécurité, de peur, de stress, de colère, de tristesse ou de culpabilité chez la personne. Elles peuvent aussi provoquer une perte de repères, de sens ou de contrôle sur sa vie.


Face à ces émotions difficiles à gérer, la personne peut se réfugier dans son lieu d'enfermement, qui devient alors un cocon rassurant et protecteur. Elle peut aussi développer une méfiance ou une aversion envers le monde extérieur, qu'elle perçoit comme une source de danger ou de souffrance.

Comment savoir si vous souffrez du syndrome de la cabane ?

Comment savoir si vous souffrez du syndrome de la cabane ?

Photo de Alex Green

Si vous vous reconnaissez dans les symptômes décrits précédemment, il est possible que vous souffriez du syndrome de la cabane. Toutefois, il ne faut pas confondre ce syndrome avec une simple appréhension ou une difficulté passagère à se réadapter à la vie normale.


Pour savoir si vous souffrez réellement du syndrome de la cabane, il faut faire preuve d'auto-évaluation et de prise de conscience, et éventuellement consulter un professionnel.


Auto-évaluation et prise de conscience


L'auto-évaluation consiste à se poser des questions sur son état émotionnel, ses ressentis, ses besoins et ses envies. Par exemple, vous pouvez vous demander :


  • Qu'est-ce qui me fait peur quand je sors de chez moi ?

  • Qu'est-ce qui me manque le plus dans ma vie sociale ?

  • Qu'est-ce qui me motive à sortir de ma zone de confort ?

  • Quels sont les risques réels et les risques imaginaires auxquels je fais face ?

  • Quelles sont les solutions que je peux mettre en place pour me rassurer et me sécuriser ?


La prise de conscience consiste à reconnaître et à accepter ses émotions, sans les nier ni les juger. L’idée est de se dire que c'est normal de ressentir de la peur, de l'anxiété, de la tristesse ou de la colère face à une situation inédite et stressante.


Ces émotions sont temporaires, elles peuvent changer avec le temps et avec l'aide appropriée. Vous n’êtes pas seul à vivre ce syndrome, vous pouvez trouver du soutien auprès de vos proches, de vos collègues, de vos voisins ou de vos amis.


Quand consulter un professionnel ?


Si malgré l'auto-évaluation et la prise de conscience, vous ne parvenez pas à surmonter votre peur de sortir de chez vous, il peut être utile de consulter un professionnel de la santé mentale, comme un psychologue, un psychiatre ou un psychothérapeute.


Heureusement, de nos jours, il est même possible de consulter un psychologue en ligne, ce qui peut être une excellente solution pour ceux qui se sentent plus à l'aise dans leur environnement familier ou pour les personnes qui ont un caractère introverti.


Un professionnel pourra vous aider à comprendre les causes de votre syndrome, à identifier vos pensées négatives et à les remplacer par des pensées plus réalistes et positives. Il pourra aussi vous proposer des techniques de relaxation, de respiration, de méditation ou d'exposition progressive pour vous aider à gérer votre stress et votre anxiété.


Il pourra enfin vous accompagner dans votre processus de réinsertion sociale, en vous encourageant à reprendre contact avec les autres, à participer à des activités qui vous plaisent et à retrouver du sens à votre vie.

Stratégies pour surmonter le syndrome de la cabane

Stratégies pour surmonter le syndrome de la cabane

Photo de Afta Putta Gunawan

Si vous souffrez du syndrome de la cabane, il existe des stratégies pour le surmonter et retrouver une vie normale. Ces stratégies visent à vous aider à reprendre confiance en vous, à gérer votre stress et votre anxiété, à créer une routine quotidienne équilibrée, à pratiquer une activité physique régulière et à bénéficier d'un soutien professionnel si nécessaire. Voici quelques conseils pour mettre en œuvre ces stratégies :


Reprendre le contact social graduellement


La première étape pour surmonter le syndrome de la cabane est de reprendre le contact social graduellement, sans vous forcer ni vous culpabiliser.


Vous pouvez commencer par sortir de chez vous pour des raisons simples, comme faire une promenade, aller chercher le pain ou acheter le journal. Vous pouvez ensuite augmenter la durée et la fréquence de vos sorties, en choisissant des lieux et des moments où il y a peu de monde, comme un parc, une bibliothèque ou un cinéma.


Vous pouvez également renouer avec vos proches, en privilégiant les contacts téléphoniques, les messages ou les visioconférences, puis en organisant des rencontres en petit comité, chez vous ou chez eux. L'objectif est de vous habituer progressivement aux interactions sociales, en vous exposant à des situations de plus en plus variées et stimulantes. Il peut être intéressant de commencer par des activités qui ont du sens pour vous, comme voir des gens que vous aimez, assister à une exposition. Parfois, il vaut mieux tenter une sortie légèrement plus difficile, mais qui a un réel sens pour vous. Néanmoins, vous devez vous demander à quel point c’est difficile de faire une telle sortie, si cela dépasse 50%, c’est que vous visez trop haut.


Techniques de relaxation et de gestion du stress


La deuxième étape pour surmonter le syndrome de la cabane est de pratiquer des techniques de relaxation et de gestion du stress, qui vous permettront de calmer votre anxiété et de contrôler vos émotions. Vous pouvez par exemple faire des exercices de respiration, qui consistent à inspirer profondément par le nez et à expirer lentement par la bouche, en vous concentrant sur le mouvement de votre ventre. Vous pouvez aussi faire de la méditation, qui consiste à vous asseoir confortablement, à fermer les yeux et à porter votre attention sur votre respiration, vos sensations ou un mantra.


Vous pouvez également faire du yoga, du tai-chi ou du qi gong, qui sont des disciplines qui associent des postures, des mouvements et des respirations, et qui favorisent la détente et l'harmonie du corps et de l'esprit .


Créer une routine quotidienne équilibrée


La troisième étape pour surmonter le syndrome de la cabane est de créer une routine quotidienne équilibrée, qui vous aidera à structurer votre temps, à vous sentir en contrôle de votre vie et à éviter l'ennui et la démotivation.


Vous pouvez par exemple vous fixer des horaires réguliers pour vous lever, vous coucher, manger, travailler, vous détendre et sortir. Vous pouvez aussi vous donner des objectifs à atteindre, comme apprendre une nouvelle langue, lire un livre, faire du bricolage ou du jardinage.


Vous pouvez également vous faire plaisir, en vous accordant des moments de loisir, de divertissement ou de récompense.


L'objectif est de vous créer un rythme de vie qui vous convient, qui vous stimule et qui vous épanouit . Là encore ne soyez pas gourmand, parfois il vaut mieux chercher à consolider un acquis plutôt que rajouter une autre routine.


Et si vous ne parvenez pas à mettre cela en place, ça pourrait simplement dire que vous n’avez pas encore les ressources.


Importance de l'activité physique


La quatrième étape pour surmonter le syndrome de la cabane est de pratiquer une activité physique régulière, qui vous apportera de nombreux bienfaits sur le plan physique et mental. En effet, l'activité physique permet de libérer des endorphines, des hormones qui procurent une sensation de bien-être, de plaisir et de satisfaction. Elle permet aussi de réduire le stress, l'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil.


Elle permet enfin de renforcer le système immunitaire, de prévenir les maladies cardiovasculaires, de réguler le poids et de maintenir la forme. Vous pouvez choisir l'activité physique qui vous plaît, comme la marche, le vélo, la natation, la danse ou le tennis. L'objectif est de bouger au moins 30 minutes par jour, à votre rythme et selon vos capacités. En revanche, si vous commencez, 5 minutes de marche ou d’étirement semble un bon début.


Thérapie professionnelle en cas de difficultés majeures


La cinquième étape pour surmonter le syndrome de la cabane est de consulter un professionnel de la santé mentale, comme un psychologue, un psychiatre ou un psychothérapeute, en cas de difficultés majeures.


Si vous ressentez une peur intense et persistante de sortir de chez vous, qui vous empêche de vivre normalement, qui vous isole et qui vous fait souffrir, il est important de demander de l'aide. Un professionnel pourra vous écouter, vous soutenir, vous conseiller et vous proposer une thérapie adaptée à votre situation.


Il pourra aussi vous orienter vers d'autres professionnels, comme un médecin, un pharmacien ou un coach, si vous avez besoin d'un traitement médicamenteux, d'une rééducation ou d'un accompagnement personnalisé.

Pourquoi est-il important de surmonter ce syndrome ?

Pourquoi est-il important de surmonter ce syndrome ?

Photo de Julian Jagtenberg

Le syndrome de la cabane n'est pas une fatalité, mais il peut avoir des conséquences graves si on le laisse s'installer.

En effet, l'isolement social peut affecter la santé mentale et physique, ainsi que la vie sociale et professionnelle. Il est donc important de surmonter ce syndrome, pour retrouver une qualité de vie satisfaisante et prévenir des complications à long terme.


Conséquences à long terme de l'isolement sur la santé mentale


L'isolement social est associé à un risque accru de troubles psychologiques tels que l'anxiété et la dépression.


Des données indiquent même que l'isolement social pourrait réduire l'espérance de vie.


L'isolement social peut également entraîner une détérioration des fonctions cognitives, comme la mémoire, l'attention ou la créativité. De plus, l'isolement social peut favoriser le développement de comportements négatifs, comme le tabagisme, l'alcoolisme, la sédentarité ou le grignotage, qui peuvent aggraver les problèmes de santé.


Impact sur la vie sociale et professionnelle


L'isolement social peut aussi avoir un impact négatif sur la vie sociale et professionnelle. En effet, l'isolement social peut réduire les opportunités de rencontrer de nouvelles personnes, de nouer des relations amicales ou amoureuses, de participer à des activités culturelles ou sportives, ou de s'engager dans la vie citoyenne.


L'isolement social peut également affecter la performance au travail, en diminuant la motivation, la productivité, la créativité ou la coopération. L'isolement social peut enfin entraîner une perte de confiance en soi, une baisse de l'estime de soi ou une difficulté à s'affirmer.

Conclusion

Conclusion

Photo de Ben Cliff sur Unsplash

Le syndrome de la cabane est une peur ou une angoisse de sortir de chez soi après une période prolongée d'isolement ou de confinement. Il peut avoir des conséquences négatives sur la santé mentale et physique, ainsi que sur la vie sociale et professionnelle.


Il est donc important de le surmonter, en utilisant des stratégies adaptées, comme reprendre le contact social graduellement, pratiquer des techniques de relaxation et de gestion du stress, créer une routine quotidienne équilibrée, faire de l'activité physique régulièrement et consulter un professionnel en cas de besoin. Si vous pensez souffrir de ce syndrome, n'hésitez pas à vous faire aider, à vous faire accompagner et à vous faire soutenir.


Vous n'êtes pas seul, et vous pouvez retrouver le goût de la vie et le plaisir de sortir.

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